Méconnue, et souvent confondue avec la perte de libido, l’asexualité devient un nouveau genre à ne pas ignorer.
Selon des études américaines, 1% de la population mondiale serait asexuelle. Sans compter toutes celles et ceux dont le désir disparaît avec l’âge. Dans une société pourtant axée essentiellement sur la sexualité où les êtres se définissent par leur appartenance à un sexe, féminin ou masculin, et par leurs attirances sexuelles, homosexuelle, hétérosexuelle ou bisexuelle, les asexuels tentent de revendiquer leur orientation sexuelle comme étant à part entière.
L’AVA (Association pour la Visibilité de l’Asexualité), convaincue qu’une nouvelle catégorie sociale est en train d’émerger, œuvre pour créer une communauté et ainsi la possibilité d’entraide aux asexuels seuls et incompris, mais aussi à tous ceux qui n’ont pas encore mis de mot sur leur différence.
Pour comprendre les raisons de cette émergence, regardons de plus près ce qu’est l’asexualité, ce qu’elle n’est pas, ce qui permet de la détecter et comment vivre et s’épanouir lorsqu’on est asexuel.
L’asexualité, c’est une absence d’attirance sexuelle ….
Autrement dit, cela signifie ne ressentir ni l’envie de faire l’amour avec une autre personne, ni avoir d’attirance sexuelle, ni de pulsion sans que cela ne génère aucune frustration. Les asexués, appelés Ace dans le langage courant, vivent un amour platonique et entretiennent un rapport neutre à la sexualité. Même si le corps peut répondre à des stimulations sexuelles, il n’y aura pas nécessairement d’envie. En couple, l’asexuel peut avoir des rapports pour satisfaire principalement son partenaire.
L’asexualité regroupe elle-même différentes orientations sexuelles. Parmi les Ace, nous retrouvons les demi-sexuels, les grey-sexuels, les akoisexuels, et les aceflux. Ils se distinguent par la variabilité de leur attirance sexuelle. Si les demi-sexuels ressentent de l’attirance quand le lien avec le partenaire est très fort, celle des akoisexuels s’estompe quand l’attirance devient réciproque. Quant aux grey-sexuels et aux aceflux, leur attirance fluctue dans le temps.
Les asexuels se distinguent des aromantiques, qui ressentent de l’attirance sexuelle mais aucun sentiment amoureux. Un individu, homme ou femme, peut être asexuel et aromantique à la fois.
L’asexualité n’empêche pour autant pas l’attirance physique simple, mais cela reviendrait au même que de passer une heure sur instagram à regarder les photos de Bradley Cooper…
… mais pas un trouble de la personnalité
Au même titre que l’on naît hétérosexuel ou homosexuel, on peut naître asexuel. Ce n’est pas une pathologie, un problème à résoudre. Ce n’est ni hormonal, ni mental, ni psychologique. L’asexualité ne se compare pas non plus à une abstinence par foi religieuse qui correspondrait au choix de ne pas avoir de relations sexuelles ni à la frigidité, qui est une dysfonction sexuelle caractérisée par un manque ou une absence de libido.
Se mettre en couple est d’ailleurs très compliqué pour les asexuels car si l’asexualité n’empêche pas de tomber amoureux ni de ressentir des émotions, elle s’oppose littéralement à la norme du couple : la sexualité.
L’asexualité ne signifie pas un dégoût du rapport sexuel mais tout simplement une absence d’envie. Certains asexuels en couple partageront avec leur partenaire le désir d’avoir un enfant pour l’amour de la transmission et la création d’une descendance mais dans le fond, le sentiment maternel sera déconnecté de l’acte sexuel.
Quelques signes qui ne trompent pas
Dans une société hypersexualisée comme la nôtre, difficile de ne pas se faire coller l’étiquette de frigide, coincé(e), malade, homosexuelle ou lesbienne refoulé(e) lorsque l’envie de faire l’amour n’est jamais au rendez-vous.
Pour être au clair avec soi-même, voici quelques signes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille.
Le premier échange de lèvres d’une nouvelle relation ne vous émoustille pas plus que ça et vous le comparez plus à un passage obligé qu’à un moment intense de plaisir. Totalement désintéressé(e) par le sexe, vous vous projetez dans cette nouvelle relation plus sur le plan émotionnel que physique. Ce qui vous excite davantage c’est d’envisager la multitude de choses à partager avec l’autre sur le plan culturel, intellectuel. Mais là on ne parle pourtant pas d’amitié mais cela y ressemble étrangement. Vous avez l’impression que votre cerveau a déconnecté votre corps et ses envies. L’idée du rapport sexuel ne vous enthousiasme pas vraiment mais vous vous y laissez prendre malgré tout pour faire plaisir à votre partenaire. Vous avez néanmoins des besoins, comme tout être humain, mais ils ne sont jamais liés à un désir ou à une attirance quelconque.
Vivons heureux, vivons sans coucher
Dans notre société actuelle, le sexe est devenu un critère de réussite sociale au même titre que la réussite professionnelle, le salaire, l’apparence physique, la possession matérielle… il y aurait même des applications de coaching pour vous permettre d’améliorer vos performances sexuelles avec des indicateurs précis comme la fréquence, la durée, la vigueur….etc.
Nous pouvons alors nous poser la question de la survie des asexuels dans cette société. Faut-il se forcer à avoir des rapports, se créer une libido ? ou bien au contraire s’affirmer et assumer sa différence comme Joe Parrish, premier candidat politique asexuel américain qui a osé s’exprimer sur le sujet et ne plus en faire un secret.
Aujourd’hui, il existe une communauté active avec sa propre identité, une ambition, des valeurs, des droits qui défendent notamment la lutte contre les discriminations sexuelles. Cette communauté défend aussi une nouvelle redéfinition de soi, un nouveau sentiment de soi, la quête d’un apaisement, d’une confiance intérieure. On peut avoir des attirances affectives, sociales mais pas sexuelles et être très heureux pour autant. L’asexualité et l’épanouissement sont compatibles.
L’énergie libidinale qui est une tension continue peut donc aussi s’assouvir dans l’érotisme.. ou la sublimation : peindre des aquarelles, collectionner des timbres, s’épuiser sur un tapis de course..
Etre asexuel n’est donc pas un choix. C’est un statut. Notre société se transforme, de nouvelles orientations voient le jour avec toujours un seul objectif en tête : la quête d’une harmonie avec soi-même.
Si toutefois ce n’était qu’une perte de libido passagère, je vous invite à lire notre article « Comment gérer une baisse de libido ? ».
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